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Qu’est-ce que l’hyperacousie et comment la soigner ?

Temps de lecture : 6 minutes
12/06/25

Imaginez le miaulement d’un chat retentir comme le rugissement d’un lion, une page qui tourne ressembler au grondement du tonnerre, ou encore, une chasse d’eau sonner comme les chutes du Niagara.

Des sons comme la sonnerie d’un téléphone, le chant d’un oiseau ou un micro-ondes en action semblent si forts qu’ils vous crèvent le tympan… C’est ce qu’on appelle l’hyperacousie, un type de désordre de la sensibilité au bruit.

Par de nombreux facteurs, l’hypersensibilité au bruit est à l’opposé de la perte auditive, aussi appelée hypoacousie. Au lieu d’un monde où le volume est bas, il est au contraire bien trop élevé – parfois jusqu’à engendrer de la douleur.

 

La définition de l’hyperacousie : de la douleur lors de bruits trop forts

Comme beaucoup d’affections liées à l’audition, l’hyperacousie peut être ressentie à différents niveaux de sévérité. Même des cas de sévérité moyenne peuvent s’avérer handicapant. Les sons très aigus ou au contraire des vibrations graves semblent être les plus difficiles à tolérer.

Il est difficile d’évaluer le nombre de personnes touchées, les études sur le sujet étant très limitées. Et les estimations vont de 0,02% à 17% de la population, si l’on inclut les personnes étant simplement gênées par un son trop fort.

Dans les cas sévères, les individus concernés éprouvent de la douleur même avec du bruit modéré. Cela peut parfois conduire à l’apparition d’une phonophobie ; l’individu développe alors une peur extrême du bruit et évite toute situation bruyante voire recherche le silence complet.

 

Quelles sont les causes de l’hypersensibilité au bruit ?

Différents éléments peuvent conduire au développement d’une hyperacousie :

  • L’exposition à un bruit excessif
  • Un traumatisme acoustique
  • Une blessure à la tête ou au cou
  • Une exposition prolongée à des bruits forts à modérés

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L’hypersensibilité sonore est souvent le résultat d’une blessure due au bruit, appelée traumatisme acoustique. Cela résulte d’un son impulsif comme l’explosion d’un airbag, un son de pistolet ou une alarme de détecteur de fumée. Certaines personnes peuvent présenter un trou minime dans leur oreille interne, connu sous le nom de syndrome de la troisième fenêtre ou éclatement du canal supérieur semi-circulaire. Cependant, la science doit encore découvrir les mécanismes qui mènent à l’inconfort auditif et à la douleur.

Les dommages causés par le bruit sont cumulatifs. L’hyperacousie peut donc venir de bruits moins forts mais d’une exposition prolongée ou épisodique au bruit – par exemple, de nombreux concerts ou l’écoute via écouteurs et casques.

L’exploitation agricole ou industrielle, la construction ou le bâtiment, et d’autres occupations au volume sonore important peuvent aussi causer des dommages irréversibles aux oreilles. Il est primordial pour ces corps de métiers de bien protéger leur audition par le port préventif de casques anti-bruit.

De plus en plus, on reconnaît que certaines activités récréatives comme les cours de gym, les concerts et évènements sportifs, peuvent aussi induire des risques pour l’audition.

Une blessure à la tête ou au cou constitue, de même, une autre cause de l’hyperacousie. Dans de rares cas, le point de départ est un mouvement soudain sur une montagne russe ou autre mouvement similaire.

 

Les effets secondaires des médicaments

Plusieurs excipients médicamenteux sont considérés comme étant des ototoxines connues et peuvent donc porter atteinte au système auditif, y compris générer une hypersensibilité auditive. Parmi ces ingrédients, on trouve les aminoglycosides, fluoroquinolones, certaines diurétiques, statines et certains médicaments prescrits contre le cancer. Si vous êtes sous prescription de ce genre de médicaments et présentez une sensibilité accrue au bruit, il est important de mentionner cela à votre médecin ORL.

Parfois, l’hyperacousie accompagne certaines conditions ou maladies comme l’autisme ou la maladie de Lyme.

 

La douleur associée à l’hypersensibilité acoustique

La forme la plus sévère d’hyperacousie, parfois appelée noxacousie ou nociception auditive, est un diagnostic encore relativement nouveau. Il n’est reconnu que depuis une dizaine d’année, principalement à travers les travaux d’une association américaine appelée Hyperacusis Research. Ces derniers avancent que la douleur résultant de l’hyperacousie peut s’aggraver avec une exposition ordinaire au bruit.

Dans des cas extrêmes, les individus peuvent souffrir même dans le silence. Dans ces conditions, poursuivre une vie normale peut s’avérer impossible. Un détour au supermarché avec ses bips de scanner incessants, le bruit strident des caddies et son lot de bruits sourds de réfrigérateurs peut devenir insurmontable. Tout comme simplement faire la cuisine ou la vaisselle et manipuler des casseroles qui s’entrechoquent…

 

Les dégâts causés par le bruit prennent différentes formes

Trop de bruit s’accumulant petit à petit, est la raison pour laquelle tant de personnes âgées présentent une perte auditive – la conséquence typique d’un dommage causé par le bruit – et qui est mesurable.

Cependant, un mystère subsiste : pourquoi le même niveau de bruit peut causer une perte auditive et des acouphènes chez certains et l’hyperacousie chez d’autres – pendant que certains ne souffrent d’aucune conséquence. Ces conditions varient énormément d’une personne à l’autre.

 

D’autres symptômes de l’hypersensibilité acoustique

Comme de nombreuses affections, l’hyperacousie est souvent accompagnée d’autres symptômes comme :

  • Des acouphènes réactifs, c’est-à-dire déclenchés par du bruit ambiant
  • Un sentiment de lourdeur auriculaire pouvant être ressenti comme une sensation de pression inconfortable dans l’oreille et s’étendant parfois jusqu’au crâne, au visage et au cou
  • Des bruits sourds, battements ou palpitations dans le tympan
  • La perception des sons de façon distordue ou en écho
  • Une douleur brûlante dans l’oreille, souvent décrite comme une sensation d'acide, de coup de soleil ou de papier de verre dans le conduit auditif, parfois accompagnée d’une impression de coup de poignard lors de l’exposition au bruit.

 

Des améliorations en dents en scie

Avec un peu de temps et de calme, l’hyperacousie s’améliore bien souvent d’elle-même. Les personnes concernées rapportent généralement des améliorations importantes en deux ans. Malheureusement, ces progrès sont souvent source de déception car cette condition peut aussi de détériorer très vite.

Le plus grand danger sont ces « reculs » de guérison induits par le bruit lui-même, même modéré ou qui ne semblent pas si fort comme un rire à gorge déployé, un aboiement soudain, un bruit de klaxon ou encore un trajet en voiture ou une conversation animée.

Les personnes souffrant d’hypersensibilité sonore peuvent avoir l’impression d’être complètement guéries et voir leurs progrès anéantis par un simple épisode d’exposition à leur chanson favorite à un volume un peu fort.

Une étude de l’association Hyperacusis Research a révélé que la douleur croissante, l’accentuation des acouphènes et la diminution de la tolérance au bruit dus à un épisode de rechute peuvent durer des heures, des jours, des semaines, voire s’installer de manière permanente.

Pas moins de 56 % des patients ont déclaré que leur pire rechute "avait aggravé leur état plus que jamais", tandis que seulement 6 % ont indiqué que leur pire rechute avait "un faible impact".  Une autre étude a, quant à elle, indiqué que 36% des répondants faisaient l’expérience de rechute chaque semaine. Ainsi, la clé vers l’amélioration de la situation est de limiter à tout prix les situations pouvant entraîner ces rechutes. 

 

Comment diagnostiquer l’hyperacousie ? Le médecin ORL a parfois besoin de guidance

Tout comme les acouphènes, l’hypersensibilité acoustique est bien souvent auto-diagnostiquée par les patients qui en souffrent. Les audioprothésistes qui traitent chaque jour la perte auditive peuvent ne pas être familier avec cette condition peu commune, tout comme de nombreux médecins ORL.

Le seul test parfois utilisé pour diagnostiquer l’hyperacousie est le test du seuil d’inconfort statistique (ou Loudness Discomfort Level LDL en anglais). Pendant ce test, le volume de bips à différentes fréquences est graduellement augmenté jusqu’à ce que le patient indique le point à partir duquel le volume devient inconfortable.

Le principe du test est cependant risqué pour les patients car il a pour but de faire entendre du bruit, potentiellement fort, à des oreilles déjà sensibles. Il est donc nécessaire de connaître les risques avant de se soumettre à ce genre de test en présence d’hyperacousie.

 

Gestion et traitement de l’hyperacousie

La chose la plus importante sera d’éviter au maximum l’exposition au bruit, qui peut causer des dommages pour l’oreille et retarder la guérison. Mais dans le même temps, il convient de ne pas se couper du monde sonore pour permettre une réaccoutumance aux sons.

Certaines personnes présentant des cas modérés ont trouvé de l’apaisement à travers la thérapie sonore, utilisant du bruit blanc de fond assez doux, dont le volume sonore est augmenté très graduellement (on parle ici sur plusieurs mois). Le net regorge de conseils sur le choix entre bruit blanc, bruit rose ou encore bruit brun mais il est essentiel pour chaque personne de choisir le bruit le plus agréable et confortable. Cependant, la thérapie sonore peut aussi, dans d’autres cas, empirer la situation.

Une autre solution pourra être d’explorer la thérapie de désensibilisation qui consiste à utiliser des techniques de relaxation et de méditation pour calmer le système nerveux et peu à peu se réhabituer au bruit.

D’autres encore tentent des anti-douleurs ou relaxants musculaires qui doivent être prescrits par un médecin agréé et qui, bien souvent, apportent leur lot d’effets secondaires. 

 

La protection auditive est vitale

Mieux gérer l’exposition au bruit est indispensable en cas d’hyperacousie. Ainsi, se protéger les oreilles doit devenir un réflexe : bouchons d’oreille, casques anti-bruit ou encore cache-oreilles peuvent aider.

En effet, le calme aide à la guérison tandis que le bruit peut compromettre les progrès effectués précédemment. De plus, les bruits du quotidien doivent tous être pris en compte car ils peuvent avoir un impact sur des oreilles sensibles qui souffrent d’hyperacousie.

 

Dans tous les cas, n’hésitez pas à consulter un professionnel, voire plusieurs, jusqu’à trouver une solution qui vous soulage. La patience sera de mise pour voir des améliorations continues.

Pour prendre soin de votre audition, consulter notre article Comment protéger votre capital audition.